Bulletin n° 7: El sindicat de remença (le syndicat des serfs)

Ce n’est pas tous les ans que Sirach apparaît dans leschroniques historiques. Mais on pourrait dire que les sirachaires sont souvent dans les bons coups. On ne le sait pas en général, mais les catalans ont été les premiers à abolir le servage et cela dès le XVéme siècle.

À cette époque, la Catalogne et l’Aragon sont unis depuis 1150 avec le mariage de Ramon-Bérenguer IV et Petronilla d’Aragon. Le royaume catalano-aragonais qui en résulte a pour souverain un Comte-Roi, le titre de Comte de Barcelone restant plus important que celui de roi d’Aragon.

C’est au tournant du XVéme siècle que débute le conflit entre les serfs (pagesos de remença) et les seigneurs, nobles ou religieux. En 1448, contre l’avis des Corts et de la Diputació de Catalunya, le roi Alphonse le Magnanime autorise les serfs à se réunir dans les 912 paroisses des évêchés de Girona, Vic, Barcelona, Elna i Urgell pour élire des syndics qui iront défendre les revendications auprès du roi. Le « Gran Libre del Sindicat de Remença » (actuellement présenté à Girona) donne la liste des réunions avec les noms des témoins : le 19 janvier 1449 à Arrianum (Ria) un des témoins est Raymond Anglès de Sirach, les 20 et 21 à Saorra (Sahorre), Torrents (Thorent) et Escaro c’est au tour de Pierre Gerald alias Maestre de Sirach.

A noter que dans le texte latin, Ria est encore Arrianum alors que Sirach est déjà Sirach. Nous y reviendrons. Les serfs demandent l’abolition des « mals usos » (mauvais comportements) et « maltractaments » (mauvais traitements) dont ils sont victimes.

Mais Alphonse le Magnanime meurt prématurément et il faudra attendre 1485 après deux révoltes pour que le servage soit officiellement aboli par l’Acte de Guadalupa. Les serfs sont autorisés à racheter leur liberté pour les terres dont ils conservent la propriété et pour les autres ils n’ont plus d’autre obligation que de payer un loyer.

En France, il faudra attendre la Révolution pour que le servage disparaisse. Et en particulier pour Sirach où les villageois, jusque là serfs de l’Abbaye de Saint Michel de Cuxa, deviennent enfin des citoyens et Sirach une commune.